Justine, lectrice de base de science-fiction, commente l'actualité du milieu. N'hésitez pas à m'envoyer des potins du milieu à justine.sene (à) voila.fr

12 septembre 2007

La zone des bobos

Ayant apprécié "la horde du contrevent", c'est avec joie que je me suis jetée sur "la zone du dehors", le (faux (puisque déjà paru à la fin du siècle dernier)) nouveau livre d'Alain Damasio paru à La Volte, présenté comme un livre révolté a coté duquel le programme de transition du vieux Léon et le petit livre rouge ne sont que d'aimables plaisanteries.

Hélas, que le grand Karl me croque, en fait de brûlot gauchiste, ca ressemble plutôt à un lénifiant guide de la révolte à l'usage des bobos.

"Debout les damnés de la terre": aie aie aie. Il n'y a tout bêtement pas de damnés dans cette révolution. Pourquoi se révoltent t'ils ? Parce que, grosso-modo, ils sont à peu près aussi surveillé dans leurs mouvements qu'un parisien moyen est tracé avec son passe navigo et son téléphone portable. De là a commettre des actes violents... Sont'ils exploités ? Non. La société contre laquelle ils se révoltent feraient palir de jalousie 90% de la population mondiale actuelle et beaucoup de révolutionnaires utopistes du 19eme n'auraient pas imaginés mieux. L'aspect le plus critiquable, l'organisation sociale basé sur une méritocratie, (tellement parodique sur certains aspects (notamment le changement de nom lors de la promotion sociale) qu'elle n'est pas crédible) ne semble pas choquer vraiment la bande de révoltés.

"Du passé faisons table rase", ou la lutte armée au pays des bisounours: là encore gros problèmes de crédibilité:

- Sur ce monde clos, donc, ou on se révolte car on est trop surveillé, un groupe clandestin arrive a tenir une assemblée générale secrète avec plusieurs centaines de personnes sans qu'il y ait de fuite.

- sur ce monde où le nom des individus a une telle importance, aucun révolutionnaire ne pense a utiliser des pseudonymes pour garder un minimum de confidentialité.

- a la veille d'une action armée d'envergure, la bande de voltés n'hésite pas à recruter des gens quasiment au hasard parce qu'ils correspondent au profil physique de l'action. Un peu comme si action directe était allé dans un club de tir chercher du monde pour aller abattre le général audran.

"le monde va changer de base". La facilité avec laquelle la révolution réussit et une nouvelle société est créée, bon sang, j'ai évité de peu les crampes d'estomac tellement cette partie m'a amusée.

"il n'est pas de sauveur suprème". Dommage. On a donc une bande de révoltés, donc les idées sont globalement anarchistes, et leurs pratiques les place plutot du coté du communisme autoritaire à la lénine, dirigés par un leader.

Bref, comme on peut le comprendre dans les postfaces, ce livre a été ecrit pour donner des raisons de se révolter. C'est certes un bonne intention, mais si ca conduit a un récit aussi peu réussi que "la zone du dehors", c'est contre-productif. Par ailleurs, c'est par moment d'une lourdeur terrible; je pense notamment au cours donné à l'université ou au duel oral dans un bar. Il devrait y avoir des mentions en début de chapitre prévenant du risque de somnolence pouvant engendrer la lecture complète desdits chapitres.

Finissons quand même sur une note positive: ca m'a donné envie de me replonger dans "le talon de fer", de Jack London.